Une lecture relationnelle de la Bible
Nous avons tous été influencés par une lecture légaliste de la Bible. Mais le Seigneur peut nous apprendre à la lire avec son regard à Lui.
Relation ou légalisme ?
Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! (Jean 5:39-40)
On peut lire la Bible de plusieurs manières. Le texte saint est infaillible, mais nous les humains sommes assurément faillibles : notre interprétation des Écritures est influencée par de nombreux facteurs comme notre culture, notre milieu social ou notre dénomination religieuse. Pour comprendre la Bible, les plus érudits peuvent suivre des études de théologie, de christologie, d’exégèse… et pourtant ne jamais rencontrer Celui que ses lignes subliment. Voilà le risque d’une approche intellectuelle, légaliste et religieuse. L’histoire nous a montré combien cela pouvait avoir des effets destructeurs.
À l’inverse, un enfant dans la foi dont le cœur est inspiré par le Saint-Esprit peut en lire un simple verset, le recevoir avec un cœur tout simple, aimer son Auteur et le mettre en pratique. Comme les disciples de Jésus, il pourrait même être sans éducation, sans titre ni position et pourtant il aurait la vie du Christ ! Cela fait toute la différence.
Un cœur humble et enseignable, une relation simple avec Jésus et l’inspiration du Saint-Esprit sont les clés pour lire la Bible selon le cœur de Dieu. Au contraire, une approche rigide, élitiste, centrée sur la performance à vouloir devenir des saints par nous-mêmes est souvent le fruit d’un désir charnel d’être meilleur que le voisin ou d’être approuvé dans son milieu religieux, voire par satisfaction intellectuelle.
Nous allons poursuivre cette série sur une lecture non religieuse de la Bible en renversant certains schémas de pensée bien établis qui voilent le véritable message des Écritures : un message d’amour. Mais cela ne peut se faire sans un désir de s’humilier devant Dieu, de laisser nos raisonnements savamment entretenus dans nos milieux et de laisser l’Esprit nous guider.
Exemple 1 : la parabole des talents
Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. (Matthieu 25:20-21)
Cet article complet sur cette parabole vous donnera davantage de détails. Je vous encourage à relire ce passage (Matthieu 25:14-30) et à vous demander : que signifie-t-elle ? Qu’est-ce que Jésus voulait enseigner ? Et si vous le pouvez, le faire sans lire aucune étude ou aucun commentaire existant.
Il y a de grandes chances que vous soyez amenés à penser que, d’une façon ou d’une autre, la parabole des talents signifie qu’il nous faut être à la hauteur des attentes de Dieu. Si c’est ainsi que vous la recevez, c’est tout à fait normal. Notre lecture est probablement teintée de la culture de la performance. Car c’est la façon dont le monde raisonne, c’est la façon dont la religion raisonne : s’élever, être au niveau, atteindre des sommets, se réaliser.
À l’opposé, si nous essayions ensemble d’avoir une lecture relationnelle de cette parabole, voici ce que nous pourrions y découvrir :
- Qu’il s’agit d’une parabole du Royaume de Dieu, c’est-à-dire une réalité spirituelle et non charnelle. Il ne s’agit pas de faire grandir vos accomplissements, votre ministère ou votre église, mais de grandir dans la réalité spirituelle du Royaume de Dieu.
- Que chaque serviteur a reçu une part de la part de Dieu : aucun être humain n’est dépourvu en ce qui concerne les choses d’en haut, tous ont accès aux biens célestes en Christ s’ils font ce choix. Cette part est certes différente selon la capacité de chacun, mais Dieu ne fait pas de favoritisme.
- Que quel que soit le “niveau” de cette part, chacun est traité avec bonté et de manière juste, car Dieu est à la fois bon et juste. C’est exactement le contraire de la performance ou de la comparaison !
- Le serviteur infidèle aurait pu satisfaire son maître en honorant ce qu’il avait reçu librement et sans mérite. Comment ne pas y voir le don du Fils de Dieu qui a été offert à tout homme ? Il suffit de croire et de reconnaître le Fils pour ce qu’il est, le don de Dieu, et la grâce agit pour sauver le pécheur. Celui qui “enterre” à nouveau le Fils dans sa propre vie est donc sans excuses. Quelle patience notre Dieu a envers ceux qui se perdent !
- La fidélité est ce qui est récompensé : le fruit et non l’effort. Il est question de moisson, c’est-à-dire que la valeur produite provient d’un cœur qui a su semer, patienter, s’occuper avec soin de ce qui lui a été confié. On est loin de la recherche d’élévation. La fidélité est un fruit de l’Esprit (Galates 5:22). Et comment ne pas comprendre, au regard du reste de l’enseignement de Jésus, que ces pièces d’argent représentent l’amour et non pas les œuvres humaines !
- Jésus dira que sans Lui nous ne pouvons rien faire (Jean 15:5-6). Une lecture relationnelle nous invite à reconnaître que nos propres efforts sont la source de résultats médiocres ou même de ruine. Mais Christ produit en nous, dans la relation avec Lui, le vouloir et le faire.
Qu’en pensez-vous ?
Exemple 2 : Marcher dans la dignité
Je vous exhorte donc, moi (Paul), le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée… (Éphésiens 4:1)
Ah, la dignité ! Nous aurions pu aussi parler de versets qui nous exhortent à être saints ou même à être… parfaits comme l’a dit Jésus (Matthieu 5:48).
Ces termes ont été détournés par la religion pour nous faire croire que cela nous oblige à suivre des règles dictées par Dieu. Et que plus nous respectons ces règles, plus nous sommes dignes, saints et parfaits. Bien que nous sachions (en principe) que nous sommes appelés à vivre selon la grâce et non la Loi (Romains 6:14), nous persistons à vouloir mériter ce que Dieu nous a librement offert en Jésus-Christ : le salut, l’Esprit, l’amour de Dieu, la joie parfaite !
La grâce signifie que notre mérite n’a rien à voir là-dedans. Nous sommes rendus dignes, saints, parfaits en Christ. C’est notre union avec Lui par la Croix qui nous rend victorieux du péché et réellement libres. Pourquoi donc retourner sous l’esclavage de règles imposées —et même souvent inventées— par les milieux religieux ?
La lecture relationnelle de la Bible c’est la compréhension et l’appréciation de la grâce.
La lecture relationnelle de la Bible, c’est la compréhension et l’appréciation de la grâce. C’est lire en étant émerveillés de ce que Christ a accompli toute la Loi, ce que nous ne pouvions pas faire. C’est l’adorer pour nous avoir libérés des malédictions de la Loi et de nous avoir donné toutes les bénédictions en Lui.
C’est encore en Lui que nous sommes rendus capables de laisser notre vieille nature, d’aimer ceux qui nous entourent, de refléter de plus en plus le caractère de Christ et d’être témoins par nos vies de Sa personne et de Son Royaume ! C’est en Lui que nous sommes capables d’être unis en un seul corps avec nos frères et sœurs de l’Église universelle.
En quoi sommes-nous dignes ? Parfaits ? Saints ? Par l’œuvre de la Croix qui nous fait ressusciter avec Jésus et nous asseoir avec Lui dans les lieux célestes. Cette perfection n’est pas une utopie, une philosophie, ni un objectif humain à atteindre. C’est la perfection dans l’amour, non dans le mysticisme ou l’activisme. C’est Jésus-Christ en nous, c’est-à-dire par une relation avec Lui. Grandissons en intimité et nous marcherons d’une manière digne de notre vocation. Nous serons parfaits !
La tendresse de Jésus face au légalisme religieux
Pour terminer, citons quelques exemples où Jésus s’est fermement opposé à la compréhension légaliste des Écritures qu’avaient les responsables religieux de son temps. Rappelez-vous que ces derniers avaient étudié en détail les textes. Ils se basaient sur des centaines d’années d’examens minutieux, de débats et de traditions. Leur interprétation faisait autorité sur tout le peuple sans contestation. Mais Jésus voyait les choses autrement.
En effet, le Seigneur a fustigé le légalisme de ses opposants religieux et fait preuve de tendresse envers ceux qui croisaient sa route :
- Quand il a dénoncé leur minutie à suivre les règles de la dîme mais leur manque de justice et d’amour (Luc 11:42)
- Quand il a eu pitié et a fait grâce à une femme pécheresse que la Loi ordonnait pourtant de lapider (Jean 8:1-11)
- Quand il a mangé à la table de pécheurs notoires, prenant plaisir à la miséricorde (Matthieu 9:10-13)
- Quand il a guéri un malade un jour de sabbat, pour faire le bien (Marc 3:1-6)
- Quand il a évoqué le Père comme se réjouissant d’accueillir avec amour tout pécheur comme son fils, malgré la réprobation de ceux qui pensent devoir mériter cet amour (Luc 15:11-32)
- Et bien d’autres !
Nous voyons ici que Jésus a lui-même interprété la Loi selon le cœur de Dieu : pour l’amour et la justice. À plus forte raison, sommes-nous invités à comprendre la Bible et particulièrement les enseignements de Jésus sous ce regard relationnel plutôt que de nous servir des Écritures comme d’un instrument de condamnation de ceux qui ne seraient pas à la hauteur selon nos critères.
Refusons donc le légalisme et laissons l’amour que nous recevons de Christ chaque jour être notre regard sur les Écritures… et sur les autres.
Dans notre prochain article de cette série, nous approfondirons comment avoir une lecture spirituelle et non charnelle de la Bible.