Une lecture spirituelle de la Bible

Comprendre avec l’intelligence ou connaître par l’esprit

En effet, ceux qui se conforment à leur nature propre se préoccupent des réalités de la nature humaine, tandis que ceux qui se conforment à l’Esprit sont préoccupés par ce qui est de l’Esprit. (Romains 8:15, version Louis Segond 21)

C’est une bonne nouvelle pour certains, une mauvaise nouvelle pour d’autres : comprendre la Bible n’est pas réservé aux sages et aux intelligents. Alléluia ! De même qu’on peut apprécier la saveur d’un bon plat et en être nourri sans en avoir étudié chaque ingrédient ou compris la recette, il existe une lecture de la Bible qui ne se fonde pas sur l’érudition, la tradition ou la connaissance humaine mais qui prend sa source dans l’Esprit.

Après avoir abordé la lecture christocentrique ainsi que la lecture relationnelle de la Bible, je suis particulièrement ravi d’aborder l’aspect spirituel de la lecture de la Bible. Si jusque-là vous aviez l’impression d’être en dehors des sentiers battus dans cette série, vous n’avez rien lu ! Car c’est ici que, pour avancer, nous déposons la logique, la science et toute capacité cognitive. Nous lâchons prise pour laisser notre esprit recevoir les réalités d’En-Haut, du Ciel, bref : de l’Esprit de Dieu.

Corps, âme, esprit

Que le Dieu de paix vous rende lui-même entièrement saints et qu’il vous garde parfaitement esprit, âme et corps… (1 Thessaloniciens 5:23a, Semeur)

Pour apprécier confortablement notre propos, il est bon de rappeler la manière dont nous sommes créés : un assemblage harmonieux de trois parties distinctes et complémentaires. Il y aura sans doute débat autour de cette notion, mais nous retiendrons une approche simplifiée, et donc accessible, de cette “trinité” qui nous constitue :

• Notre corps : siège de nos perceptions (5 sens, plaisir, douleur…), de la communication et du mouvement, c’est notre interface avec le monde et les autres, la partie visible et périssable de notre être.
• Notre âme : siège de nos décisions et de nos attachements, elle regroupe sous le terme de psyché la pensée humaine, l’intelligence, la mémoire, mais aussi les désirs, les sentiments et les émotions. C’est notre univers intérieur, centré sur le Soi, un “appareil” connecté capable, en fonction de multiples mécanismes, de s’attacher ou se détacher, d’analyser et de décider.
• Notre esprit : siège de la conscience et de la vie, notre esprit est la “part” de Dieu qu’il a soufflée en nous (le mot esprit veut aussi dire souffle ou vent) et qui habite chaque être humain, celle qui existera éternellement au-delà de notre mort physique.

Nous pourrions dire qu’au sens biblique nous sommes un esprit, possédant une âme et vivant dans un corps.

La nouvelle naissance : naître d’Esprit

Vraiment, je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau et d’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui naît d’une naissance naturelle, c’est la vie humaine naturelle. Ce qui naît de l’Esprit est animé par l’Esprit. (Jean 3:5-6, Semeur)

Faisons également un court rappel sur l’état de l’esprit au sein de l’humanité déchue. Ce qui est séparé de Dieu depuis que l’homme (au sens de l’être humain, masculin et féminin) a choisi de vivre indépendamment de son Créateur, c’est son esprit. Depuis lors, l’humanité marche selon ses propres voies et sur le chemin du péché et de la destruction. L’esprit de l’homme déchu est mort. La mort, au sens spirituel du terme n’étant pas la non-existence mais la non-relation avec Dieu. L’esprit de tout être humain existera pour toujours, avec ou sans Dieu.

C’est ainsi que Jésus décrit la réconciliation de l’être humain avec Dieu au travers de Lui comme étant une nouvelle naissance. Ce qui revit dans cette naissance (d’en-haut, de Dieu, d’Esprit), ce n’est pas le corps ni l’âme, même s’ils peuvent en être impactés. Ce qui renaît, c’est l’esprit. Notre esprit se lie et s’attache alors à Jésus-Christ, par le moyen du Saint-Esprit, dans le but d’être en capacité de vivre selon la volonté parfaite de Dieu et non plus la volonté humaine corrompue.

Lire la Bible par l’esprit

Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. (Jean 14:26)

J’ai bien conscience d’avoir survolé les deux énoncés précédents, n’hésitez pas à me contacter si vous désirez me donner un autre éclairage ou si vous avez des questions à ce sujet. Ces éléments sont importants car ils servent de support à ce qui suit :

1. Une lecture spirituelle de la Bible suppose d’être né(e) de nouveau. L’homme naturel avec sa connaissance limitée de ce qui existe, avec ses pensées charnelles, ses sentiments changeants, ne peut pas appréhender les réalités spirituelles. C’est pour cela que Nicodème répondra “Comment un homme peut-il naître à nouveau lorsqu’il est vieux ?” lorsque Jésus lui parlera de la nouvelle naissance. C’est tout simplement inaccessible à un esprit séparé de Dieu : il n’a pas la vie éternelle donnée par Dieu, il n’a pas reçu l’Esprit de Dieu et ne peut être enseigné. C’est spirituellement que l’on reçoit ce qui est spirituel. L’homme charnel ne peut voir que charnellement.
2. Une lecture spirituelle n’est pas une lecture intellectuelle. C’est pour cela qu’un enfant est capable de recevoir la révélation et l’intuition des choses spirituelles tandis qu’un érudit avec des années d’études de théologie va les ignorer ou les rejeter. C’est l’Esprit-Saint qui donne les fruits de l’Esprit (joie, paix, amour, patience…) et révèle Christ à un esprit bien disposé. L’intellectualisation de la foi, en particulier pour les gens intelligents et cultivés, peut être un obstacle à recevoir la simplicité de Christ et nécessite souvent des circonstances bouleversantes pour laisser l’esprit diriger, au lieu de continuer à baser son expérience de Dieu sur la logique et le savoir. Si l’intelligence est utile et n’est pas à écarter car elle fait partie de nous, elle doit être renouvelée.
3. Une lecture spirituelle n’est pas une lecture religieuse. Les juifs pharisiens, qui étudiaient et connaissaient par cœur les Écritures, n’ont pas reconnu Jésus car leur lecture était traditionnelle et humaine. Leurs esprits morts, séparés de Dieu, n’ont pas su reconnaître le Dieu qu’ils prétendaient vénérer. Jésus a dénoncé leur piété hypocrite qui n’était qu’apparente en parlant d’eux comme des tombeaux blanchis (Matthieu 23) : beaux à l’extérieur, morts à l’intérieur. Beaucoup de gens aujourd’hui prétendent être spirituels parce qu’ils sont religieux. La religion siège dans le corps et l’âme, mais l’esprit, quant à lui, est nourri par ce qui ne vient pas de l’homme naturel, mais de Dieu.
4. Une lecture spirituelle suppose une relation. Puisque notre esprit est la part de nous qui est unie à Dieu, cela suppose qu’ouvrir sa Bible et être nourri par la Parole ne se fait pas sans relation, mais au contraire en étant en position d’écoute attentive du disciple. L’Esprit parle à notre esprit, nous révèle Christ et nous donne son interprétation à lui des Écritures. La prière joue un rôle fondamental dans la lecture spirituelle de la Bible : “Que veux-tu me dire Seigneur ?”
5. Une lecture spirituelle est christocentrique. Dans le verset ci-dessus, Jésus rappelle que le Saint-Esprit a pour but de garder nos cœurs et nos pensées en Lui, sa personne et son enseignement. C’est une bonne “astuce” pour distinguer ce qui vient de l’esprit de ce qui peut venir de l’astuce humaine afin d’éviter de nous laisser berner : ce qui vient de l’esprit est exclusivement, intensément et continuellement centré sur Jésus-Christ.

Lire la Bible par l’esprit suppose donc une nouvelle naissance et une relation avec Dieu par l’Esprit-Saint, nous laissant être enseignés concernant le Christ non pas selon notre logique ou nos connaissances, mais selon la pensée de Dieu qui parle à notre esprit.

Exemples de l’approche spirituelle de certains textes

Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. (Jean 4:24)

• La femme samaritaine et l’eau de la vie (Jean 4:7-26) Dans ce passage, devant un puits, Jésus évoquera être l’eau vive qui ne tarit pas, la Samaritaine lui demandera où se trouve cette eau pour ne plus avoir à puiser. Lorsqu’elle lui demandera le lieu où il faut adorer (question religieuse), Jésus lui répondra que ce n’est pas le lieu qui compte, mais d’adorer en esprit et en vérité (réponse spirituelle).
• Nicodème et la nouvelle naissance (Jean 3:1-21) Nicodème, un érudit juif, entendra la nouvelle naissance comme une naissance naturelle. Jésus s’étonnera de l’ignorance, chez un tel enseignant du peuple, des réalités célestes élémentaires.
• Manger et boire le corps de Jésus (Jean 6:51-63) Lorsque Jésus dira que son corps est vraiment une nourriture et son sang vraiment un breuvage, la plupart de ses auditeurs seront choqués et beaucoup de ses disciples le quitteront. Encore aujourd’hui, le débat est ouvert entre les dénominations chrétiennes sur le sens véritable du sang et du corps de Jésus. Pourtant, rien de symbolique ni rien à voir avec un rituel religieux : il s’agit d’une réalité spirituelle.

Comme vous pouvez le constater, la faiblesse de l’esprit des gens qui entouraient Jésus les conduisait déjà à des interprétations erronées de ses paroles. À combien plus forte raison, aujourd’hui, voyons-nous prospérer les fausses doctrines de la religion et son cortège de divisions, puisque leur lecture de la Parole est humaine, charnelle, traditionnelle et donc… morte. Mais chacun de nous, toi comme moi, est créé avec un esprit et rendu capable par l’Esprit-Saint de recevoir la révélation de Jésus-Christ au travers de la Bible en toute simplicité. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin d’enseignants pour nous aider, cela veut dire que c’est l’esprit qui dirige notre lecture.

Pour terminer cette série Une lecture non-religieuse de la Bible, nous verrons ensemble combien la lecture de la Bible est fructueuse quand elle est mise en pratique dans la simplicité.