Une autre lecture de la parabole des talents

C'est l'une des paraboles du Royaume les plus mal comprises de toute la Bible.

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Tas de pièces d'or anciennes

Quand vous lisez cette parabole, ressentez-vous une forme de pression ? Pensez-vous qu'il s'agisse d'une obligation divine de faire fructifier vos talents sous peine d'être 'jeté dehors' ? Trouvez-vous que Dieu y est dépeint comme dur et lointain ? Rien n'est correct dans cette interprétation.

Il en sera (du Royaume de Dieu) comme d’un homme qui partit pour un voyage : il convoqua ses serviteurs et leur confia l’administration de ses biens. (Matthieu 24:14, Semeur)

Une invitation à la performance ?

Un talent est une monnaie qui équivalait à 10 fois le salaire annuel d’un ouvrier. Il s’agit donc d’une somme considérable. Il est à noter que seules les langues latines comme le français ont traduit cette monnaie par le mot talent, créant un double sens qui n’existe pas dans le texte grec original.

Nous lisons que trois serviteurs reçoivent respectivement 5, 2 et 1 talent “chacun selon ses capacités”. Alors que les deux premiers ont fait fructifier la somme confiée au retour de voyage du maître, le dernier a enterré l’argent.

Aux bons serviteurs, le maître accorde “d’entrer dans sa joie”, loue leur fidélité et leur confie de plus grands biens. Mais au dernier, qui a caché l’argent, il reproche de ne même pas avoir mis l’argent à la banque et le jette dehors. Le maître confie alors au premier serviteur l’argent du dernier et conclut :

A celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance. Mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. (Matthieu 25:29)

Dans la plupart des cas, le texte est interprété comme une invitation à nous mettre à l’œuvre sans tarder pour engranger des résultats mesurables à partir de nos capacités humaines. Et gare à celui ou celle qui n’a pas mis en œuvre ses dons pour que Dieu en tire bénéfice !

Et bien, tout cela mérite une toute autre lecture. Voici pourquoi :

  • Il s’agit d’une parabole du Royaume de Dieu : il est question d’une réalité spirituelle et non naturelle. Il ne s’agit donc pas de nos talents naturels, de nos responsabilités terrestres ni de nos possessions. C’est spirituellement qu’on juge de ce qui est spirituel. Invariablement, si nous réduisions une réalité spirituelle à une pâle interprétation naturelle cela nous conduirait à une interprétation charnelle. Comme lorsque Jésus a parlé de la nouvelle naissance à Nicodème et que celui-ci a répondu de “retourner dans le ventre de sa mère”… (Jean 3) !
  • Il n’y a aucune notion de performance dans cette histoire : le texte montre clairement que les 3 serviteurs sont traités de manière équitable et clémente. Le maître ne demande rien de difficile ni ne met aucun objectif de résultat. Il n’a pas demandé à celui qui a reçu 5 talents d’en obtenir 5 de plus ! Il est même indiqué à celui qui a caché l’argent qu’il lui suffisait de le déposer à la banque où il n’avait rien à faire.
  • Le maître ne félicite pas les serviteurs pour la quantité d’argent obtenue mais pour leur fidélité. Autrement dit, le maître n’est pas focalisé sur la somme reçue (qui est appelée “peu de choses” dans le texte). Il traite exactement de la même manière le serviteur qui revient avec 2 talents que celui qui revient avec 5.
  • Lorsque le mauvais serviteur qualifie le maître de “dur”, ce dernier ne répète pas cette partie de sa phrase, et ne valide donc pas ce qualificatif à son sujet. Non le maître n’est pas dur, loin de là !

Malheureusement, nous avons parfois reçu une conception “religieuse” de la vie chrétienne : les capacités humaines, l’obligation de résultat, l’épuisement dans les œuvres, la dureté de Dieu, la culpabilité… Si nous enlevions un instant ces “lunettes”, nous verrions mieux et par l’Esprit ce que signifie cette parabole !

Le sujet de la parabole des talents

Si nous désirons comprendre cette parabole, il nous faudra la comprendre du point de vue de Dieu et non du nôtre. C’est la “vue du Ciel” dont nous aurons besoin.

Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance. […] Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de ministères, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous.
Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. […] Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. (1 Corinthiens 12:1-11)

  • Un maître simplement équitable aurait confié une tâche équivalente à chacun de ses serviteurs. Le Seigneur, dans son immense grâce nous fait confiance pour gérer ses biens précieux en tenant compte de notre faiblesse humaine, selon nos capacités.
  • Ce qui est confié est de nature spirituelle et le fruit qui en est produit est également spirituel. Les dons spirituels nous sont librement distribués par l’Esprit pour le bien commun, selon sa propre volonté. Et le bénéficiaire, c’est Christ : pour Sa gloire et non la nôtre !

Cette parabole parle avant tout de la bonté de Dieu.

  • Le Seigneur est attentif à notre cœur fidèle : allons-nous le considérer pour ce qu’il est vraiment, le maître de l’Univers, ou allons-nous avoir une attitude négligente alors que nous lui devons tout ?
  • Le Seigneur est patient : s’il ne revient pas “avant longtemps” (verset 19) c’est par souci que tout ce qui doit fructifier puisse avoir le temps de fructifier à pleine maturité (Matthieu 13:30). Or, nous savons que porter du fruit est le résultat de notre seul attachement à Christ (Jean 15:5). Sans lui, nous ne pouvons pas fructifier spirituellement. Mais en venant simplement nous présenter à lui, cela coule naturellement (Jean 4:14).
  • Le Seigneur est juste : celui qui a été jeté au dehors a manqué à tous ses devoirs, et de la moindre considération pour son maître. En entendant cette parabole il est probable que les auditeurs de l’époque aient été outrés par l’attitude de ce serviteur.
  • Le Seigneur est bon : ce qu’il demande est un “fardeau doux et léger” comparé à l’infinité de l’honneur qui lui est dû. Ceux qui le rejettent avec autant de mépris sont malheureusement inexcusables car Dieu est plein de bonté envers chacun.

Désormais, à la lecture de cette parabole, c’est une nouvelle question qui se pose : dans cette histoire, le Maître est-il dur ou bon ?

La parabole des talents parle avant tout de la bonté de Dieu. Il est patient même s’il y aura une fin à tout cela et le cœur de chacun sera dévoilé. Il est plein de grâce mais il est aussi parfaitement juste.

Il ne s’agit pas de nous assoir et de “ne rien faire”. Le fruit vient naturellement de l’attachement de celui qui est fidèle. Ne manquons donc pas de nous attacher à Christ et de laisser la vie de l’Esprit couler en nous et au travers de nous en toute simplicité. Ainsi, nous entendrons de sa bouche lorsqu’il reviendra bientôt :

Très bien, lui dit son maître, tu es un bon serviteur, en qui l’on peut avoir confiance. Tu t’es montré fidèle en peu de choses. C’est pourquoi je t’en confierai de plus importantes. Viens partager la joie de ton maître ! (Matthieu 25:23)

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