
Lourd dimanche pesant couvercle
Hebdomadaire poids sur mes épaules
Les cloches sonnent sans raison et nous aussi
Nous nous réjouissons au bruit des chaînes
Que nous ferons encore sonner en nous
Les objets sont bien là, cotoyant nos formalités
Nous écouterons ce langage toujours le même nous fouetter
Et prêcher une vibrante vérité
Que pour la millième fois nous n’accomplirons pas
Car les mots sont érudits mais terne en est la lueur
Dans le carrousel dominical des beaux habits et des coeurs vides
Manège séculaire du simulacre des choses
Nous partons avec les départs
Nous arrivons avec les arrivées
Disciplinés et infatigables à taire ce qui dépasse de nos âmes
Là, je chante à l’unisson de ces vies faites de miroirs et d’air
Au lieu du délicieux miel des siècles à venir
Elles rient de face et pleurent à l’envers
Et sont devant les autres une autre qu’elles-mêmes
Moi je suis perdu à l’intérieur là où personne ne s’aventure
Et mon propre coeur est d’humeur étrangère
Abondant d’hermétiques interrogations
Sur les boîteuses cadences de nos habitudes
Alors je guette au milieu du néant cultuel
Ces antiques paroles filantes
Qui laisseraient derrière elles une légère trace de majesté
Miettes de firmament en exil
Le vertige contradictoire bousculait les montagnes de ma tête
Balayant ce qui tremble entre le sanglant et la lumière
Et parmi les masses gardiennes aux poings noirs
J’ai soudain perçu Son corps, j’ai vécu à Sa lumière
Alors la nuit s’est recroquevillée en moi
A la mélodie de Sa bouche qui a soupiré
Dans la cabane d’os et de peau qu’est mon corps
Faisant accoucher d’En-Haut mes entrailles mourantes
Dimanche n’a plus besoin des murs solennels
Puisque il a rencontré son Berger
Le Berger qui conduit tous les troupeaux et tous les bergers
Dans l’amour si grand qu’il n’a pas besoin de bouger
Tant il est partout chez lui
Je me fraye un chemin à contre-sens de la fatalité
Vers les angéliques étapes où Il m’entraîne
Mon coeur est l’orgue, les arbres ma cathédrale
Je guéris de mes fêlures aux sources du divin
C’est l’heure invisible de l’esprit
La volte-face à la hautaine tyrannie
Je suis un humain aux ailes déployées par le vent
Vers le large de sa Majestueuse étreinte
Léger dimanche est celui de chaque jour
Une sainte satisfaction guide mon allure
Vers un beau pays fait de sentiers vivants
Dans la quiétude de Celui qui m’y attend